Le geste réparateur-Viviane Frass

Le geste réparateur

Viviane Frass est bijoutière et et art thérapeute, elle a vécu une année au Japon où elle a appris des artisans laqueur locaux la technique du maki-e et la technique de réparation à la laque kintsugi.

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Histoire du Kintsugi

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KIN

Kin veut dire or en japonais,
Kintsugi «jointure en or»
Kintsukuroi ou kintsugi «réparation en or»

La technique du Kintsugi est une technique de réparation de porcelaines ou céramiques, mais s’applique à tout ce qui est cassée (bague en os, bois). Le liant (Mugi-Urushi), est un mélange de farine et de laque Urushi, l’Urushiol, un terme qui vient du Japon, pour désigner le Vernis du Japon ou Arbre à laque (Toxicodendron vernicifluum). La réparation se fait avec la laque, le choix d’utiliser de l’or va souligner la ligne de cassure et donner du prestige.k

La technique de la laque japonaise ne se limite pas à l’utilisation de l’or, il y a aussi l’argent gintsugi, ou encore urushi tsugi lorsque de la simple laque noire est utilisée.

Un geste technique

Le travail à la main demande toujours beaucoup de précision. Il s’agit d’abord de recoller les morceaux avec la laque, ensuite, chaque partie est poncée afin que les surfaces soient bien lisses. Enfin, les parties fêlées sont enduites de poudre d’or. Un travail méticuleux et précis qui demande patience et finesse et qui peut parfois durer des heures, voire plusieurs mois. On dit même qu’il faudrait parfois un an pour réaliser le meilleur Kintsugi.

Mettre ensemble,raccommoder

Kintsukuroi-Urushi-tsugi

Lorsqu’un objet est fissuré on ne parle pas de kintsugi, mais de urushi-tsugi, on peut dire le lien par la laque. Ce type de réparation peut être avec ou sans or, avec sobriété et modestie, le simple trait noir dit quelque chose du caractère de l’objet et son propriétaire.

Yobi-tsugi

Coller des pièces provenant d’un autre objet pour combler le manque, technique utilisée pour traiter de grandes zones endommagées ou par choix esthétique pour souligner la réparation et créer des effets d’assemblage. Le yobi-tsugi souligne l’aspect de greffe de la zone réparée et participe d’une forme d’esthétique.

Mettre ensemble des morceaux différents

Une esthétique de la cohésion

Le kintsugi s’inscrit dans la pensée japonaise du wabi-sabi qui invite à reconnaître la beauté qui réside dans les choses simples, imparfaites et atypiques:

«relève d’une philosophie qui prend en compte le passé de l’objet, son histoire et donc les accidents éventuels qu’il a pu connaître. La casse d’une céramique ne signifie plus sa fin ou sa mise au rebut, mais un renouveau, le début d’un autre cycle et une continuité dans son utilisation. Il ne s’agit donc pas de cacher les réparations, mais de mettre celles-ci en avant.» source:https://fr.wikipedia.org/wiki/Wabi-sabi

Entre perfection et imperfection

La réparation

Un geste symbolique

Les gens amènent à réparer des objets auxquels ils tiennent, que ce soit parce qu’ils aiment cet objet en particulier, qu’il a coûté cher, qu’il est lié à une émotion, tout ce qui fait qu’il est précieux à leurs yeux. Vivianne reçoit les objets qu’elle va réparer avec leurs histoires elle participe à un processus de réparation et de souvenir, pour elle c’est plus qu’une transaction, le geste réparateur est le prolongement de la décision d’amener à réparer, de le confier à une spécialiste, afin de lui rendre une forme de cohérence, ce ne sont pas des actes anodins, ils veulent dire quelque chose de soi.

Usages

La valeur accordées aux objets en japon est liée à son usage, on ne va pas le ranger dans une vitrine ou dans un coffre pour le protéger de l’usure ou contre le bris, un objet qui a de la valeur a un usage quotidien au risque de se casser, la valeur d’un objet se mesure en termes d’équilibre.

Objet mémoriel

Les histoires que contiennent les objets.

Se réparer

En discutant avec Viviane j’ai compris que la valeuer symbolique est aussi forte que la valeur matérielle dans le geste de réparer.

Donner une seconde vie à des objets abîmés ou cassés a des implications psychologiques, on fait souvent référence a une philosophie de la résilience en parlant du kintsugi.
En privilégiant le recyclage d’un objet plutôt que l’achat d’un neuf, on participe de manière idéologique à un projet écologique universel.
Viviane me fait remarquer que jeter un objet est un acte relativement violent, s’imaginer que les objets fêlés ne sont pas mis à la poubelle, mais entament un autre cycle de vie à une action apaisante à tous les niveaux.